Celui qui n'a jamais eu d'appareil dentaire ... heu ... ne saura jamais ce qu'est qu'un calvaire (Applause)

Ah ça, c'est quelque chose qui ma traumatisée... l'appareil dentaire... Il faut dire qu'il y a un an et demi, j'avais une dentition de lapine. Un vrai rongeur. Les deux incisives supérieures m'empêchaient presque de fermer la bouche, et j'avais un tel écart entre les deux que, lorsque je buvais du Coca, je pouvais coincer la paille dedans sans problème. Plutôt rigolo me direz-vous, certes, mais pas très beau. C'est alors que pour me conférer une dentition parfaite, on m'a scotché des espèces de sales trucs gris sur les quenottes.

Quand je me suis vue la première fois avec ce machin dans la bouche, j'ai eu l'impression qu'on m'avait miné tout le territoire bucal. Evidemment, j'avais pas eu droit à l'appareil transparent et quasi-invisible, et le mien faisait très "chemin ferroviaire", du genre "Ah Julie, tu sais pas quoi! La SNCF répare la ligne A, du coup ils ont décidé de faire passer la voie dans ma bouche! C'est stylé, non?".

Le plus marquant dans l'histoire, c'était les visites chez l'orthodontiste. Etant un de mes voisins, il était capable de me parler pendant 45 minutes de la manière dont M. Truc passait la tondeuse et du nombre de chats de Mme Chose, et puis il était pas capable de me balancer 4 mots sur ce qu'il trafiquait dans ma bouche! Ou alors, il avait le chic de me poser des questions sur mes vacances, du genre "Alors, t'es allée où à Pâques?", tandis que moi je devais articuler une réponse avec ses doigts dans ma gorge...

Un jour, sans le vouloir, j'ai eu ma petite revanche. Dans son cabinet, pile en face de moi quand j'étais installée sur le fauteuil, se trouvait un aquarium, qui ressemblait d'ailleurs plutôt à un HLM à poissons, tellement il y avait de bêtes à l'intérieur. Et dans cette population se trouvaient deux... comment dire... racleurs de fond, qui passaient leur temps à suçoter consciencieusement la vitre. A force de les voir, je me mis inconsciemment à remuer la bouche comme eux. Assez énergiquement il faut dire. Avec les doigts du dentiste dans ma bouche. J'aurais d'ailleurs continué si je ne l'avais pas entendu me demander de "Aïe!" arrêter de le mordre. Allez savoir pourquoi, cet incident m'a fait rigoler comme une bossue pendant l'heure qui l'a suivi.

Maintenant, ma mâchoire supérieure est libre, tout comme le sera bientôt l'autre. Ma dentition a, en effet, beaucoup changé et c'est beaucoup mieux que ce que j'avais avant. Je dédie donc ces lignes à tous ceux qui portent ou vont porter un appareil. Je compatis. Sincèrement.